Le poète Lord Byron commandait à l’écrivain écossais Walter Scott : « Abandonne à de grossiers ménestrels le sauvage récit de querelles obscures. »
Ce récit, c’est celui que fait le quotidien régional Sud Ouest (14 janvier 2011) à propos de la Maison de l'emploi de Saintes (Charente Maritime). L’assemblée générale a voté à l'unanimité le 10 janvier 2011 la dissolution du groupement d'intérêt public (GIP) qui la portait. Selon le journal, la structure était « peu connue et fort peu efficace. »
Labellisée en décembre 2005 au titre du plan de cohésion sociale, constituée sous forme de GIP en juillet 2006, la MDE avait signé sa convention pluriannuelle avec l’État en janvier 2007 pour la période 2007-2010. Son activité avait débuté en septembre 2007, avec un directeur et une secrétaire.
La première action était la mise en place d’un observatoire de l'emploi sur la Saintonge mais selon Xavier de Roux, député-maire de Saintes (Ump), la Maison de l'emploi s'est heurtée, très vite, à « des querelles obscures sur les compétences réglementaires » de ses différents partenaires. Selon Sud Ouest, il visait ainsi l’ex-Anpe (devenue depuis Pôle emploi après sa fusion avec l'Assedic).
La MDE était portée par le pays de la Saintonge romane. Elle accueillait parmi ses membres des associations locales et la mission locale, ainsi que le conseil général, mais les organisations syndicales se plaignaient d’en avoir été écartés. En préparation de son 15éme congrès de l’union locale Cgt de Saintes (17 et 18 juin 2010) revendiquait « la mise en place d’une vraie maison de l’emploi, regroupant tous les acteurs en un seul lieu ». Jean-Marie Bernard, secrétaire de l'union locale UNSA, regrettait que « les organisations syndicales n'aient pas été associées, dans la pratique ». Dans Sud Ouest, il critiquait « le manque d'ambition et d'impulsion des politiques qui n'ont jamais joué le rôle de rassembleur et de coordinateur assigné aux maisons de l'emploi ».
Dès 2006, des chercheurs de l'Université de Nantes relevaient que « la non-harmonisation des territoires d’intervention des différentes institutions [en Saintonge romane] est un problème (…) Outre la multiplication des démarches, des dossiers et des partenaires, c’est autant de réseaux qu’il est difficile de faire vivre » (Place, rôle et devenir des associations en Saintonge romane).
Dans son rapport de juin 2008, la députée Marie-Christine Dalloz (Ump, Jura) remarquait que « À Saintes, la maison de l'emploi ne développant aucune action sur l'axe 3, en a principalement confié la gestion à la CCI. »
Le bilan final des acteurs est donc très critique. Pour Sud Ouest, « On retiendra peu de choses de cette maison pour l'emploi au terme de ses quatre années de fonctionnement. (…) Son seul travail réel aura permis l'insertion de personnes éloignées du marché du travail sur le chantier de déconstruction de la cité du Vallon. »
Le directeur Rémi Pillot, ayant quitté son poste en septembre 2010, la MDE ne compte plus qu’une seule salariée, la secrétaire qui sera licenciée après la clôture des comptes de l’exercice.
Mais, pour le quotidien régional, les élus de la Saintonge romane auraient « quelques remords », ce qui les aurait conduit à mettre sur pieds « un groupe de travail informel sur l'emploi » ; d’après le journaliste Dominique Paries « les personnes durement frappées par le chômage n'attendent plus rien, elles, de ce genre de gesticulations politiques. »
Jusqu’ici, une seule maison de l’emploi en fonctionnement et labellisée au titre du plan de cohésion sociale de 2005 a été dissoute. Il s’agit de la Maison de l’Emploi et de Formation du Pays d’Auge ou Mefpa de Lisieux (Calvados), dont l’arrêt a été décidé lors d’une assemblée générale extraordinaire à Lisieux le 25 janvier 2010.
D’autres MDE ont fusionné (comme celle de la Lys avec Tourcoing, dans le Nord) et des structures non labellisées ont disparu, comme la première maison de l'emploi du Finistère, baptisée Actif, à Plougastel-Daoulas qui a cessé son activité le 21 décembre 2009.
Un site internet de la MDE de Saintes a été mis en place en 2007 mais est resté en l’état ; il est toujours en ligne : http://mdepsr.pagesperso-orange.fr/.