L’Observatoire régional des métiers de Provence Alpes Côte d’Azur diffuse une note (ORM, n° 45 - octobre 2009) de sa coordinatrice des études, Dominique Vial, doctorante en sociologie au laboratoire d’économie et de sociologie du travail, (Cnrs et Universités Aix-Marseille) : Quand la relation entre formations et emplois croise les dynamiques économiques de proximités…. Elle est mise en ligne par la Maison de l’emploi des Hautes Alpes (Gap).
C’est essentiellement à la territorialisation des politiques d’emploi et de formation que s’intéresse l’étude, « vingt cinq années après les débuts de la décentralisation et de la déconcentration qui transfèrent progressivement des compétences et des dispositifs en matière de formation et d’emploi du niveau national vers le niveau régional ou départemental. »
Le séminaire organisé par l’ORM le 1er avril 2008 qui préparait ces travaux estimait nécessaire « l’élargissement du terrain d’observation de la relation formation-emploi pour prendre mieux en compte des éléments de contexte et sortir ainsi des tentatives d’application de logiques de type adéquationiste visant à établir une relation directe entre une formation et un métier. »
La note compare quatre nouvelles configurations d’acteurs apparues depuis 2005 dans le paysage de Provence – Alpes – Côte d’Azur : les comités territoriaux éducation formation emploi (COTEFE), les maisons de l’emploi (MDE), les pôles régionaux d’innovation et de développement économique solidaire (PRIDES) et les comités locaux écoles entreprises (CLEE). Si elles diffèrent toutes, dans leur origine, dans leur composition, dans leur mode de gouvernance et de fonctionnement, Dominique Vial remarque qu’elles abordent toutes des thématiques de formation, d’emploi, d’économie et d’insertion.
S’il s’agit de nouvelles formes organisationnelles dont D. Vidal postulent « qu’elles s’inscrivent dans un processus d’institutionnalisation », elles se composent de réseaux d’acteurs déjà anciens (les missions locales, les agences pour l’emploi, les réseaux d’entreprises, les établissements scolaires ou les organismes de formation…). Elles impliquent davantage les élus locaux, mais rendent plus difficile le dialogue social entre syndicats et branches professionnelles, qui disposent de peu de moyens en termes de représentation locale. Elles ont encore en commun de revendiquer des pratiques innovantes dans la préparation de l’action publique alliant notamment les notions de proximité et de participation.
L’universitaire remarque que « les pratiques de territorialisation de l’action publique (ou de filièrisation dans le cadre des PRIDES) imposent également pour les promoteurs un important travail en matière de communication visant à expliquer au plus grand nombre, les mécanismes et les dispositifs mis en oeuvre dans le cadre des politiques d’emploi, des politiques d’éducation et de formation, ainsi que des politiques économiques. C’est un volet essentiel dans chacune des organisations observées, ces domaines étant réputés particulièrement complexes. »
Entre les différentes structures, il existe des processus d’enchevêtrement et des passeurs : des groupes de travail de COTEFE peuvent fusionner avec des groupes de travail de la MDE dans lesquels viennent également s’inscrire des PRIDES (à Marseille, par exemple).
La chercheuse met l’accent sur une innovation dans la mise en place des outils régionaux : le fait d’associer directement les entreprises dans les processus décisionnels visant de l’action publique. Elle constate que, sans provoquer de réelles ruptures avec le passé, le champ emploi-formation s’ouvre à l’économique.
- L’Observatoire régional des métiers http://www.orm-paca.org.
Les quatre formes d’organisation emploi-formation en PACA, juin 2009
| COTEFE | MDE | PRIDES | CLEE |
Origine réglementaire | Délibération du Conseil régional du 18 mars 2005 | Loi de cohésion sociale du 18 janvier 2005 | Délibération du Conseil régional du 10 novembre 2006 | Décision du Recteur de l'académie d'Aix-Marseille en 2005 |
Territoire de référence | 18 comités sur l'ensemble du territoire régional dans un découpage proche des zones d'emploi. | 10 maisons labellisées et conventionnées, adossées à certaines collectivités locales et intercommunalités. | 28 pôles déployés sur l'ensemble du territoire régional et organisés selon des filières. | 13 comités sur l'ensemble de l'académie d'Aix-Marseille selon le découpage des bassins d'éducation et de formation. |
Les principaux acteurs participants | Tous les acteurs locaux de l'emploi et de la formation, y compris les prescripteurs et prestataires. | Collectivités porteurs du projet, l'État, Pôle emploi, autres collectivités locales, les acteurs locaux de l'emploi et de la formation. | Entreprises, laboratoires et universités. | Chefs d'établissement de l’Éducation nationale et chefs d'entreprise. |
Mode de gouvernance | Présidé par un conseiller régional nommé. | Sous forme de GIP ou d'association loi 1901, présidée par un élu local. | Porté par une association loi 1901 présidée par un dirigeant d'une structure adhérente. | Co animé par un chef d'établissement de l’Éducation nationale et un chef d'entreprise. |
Thématiques abordées en devenir | Formation Insertion Emploi Économie | Emploi Insertion Économie Formation | Économie Emploi Formation Insertion | Économie Insertion Formation Emploi |